L'ÉDITO DU JOUR

Le recyclage européen…

Cette abstention que l’on prévoît trouverait-elle en partie son origine dans les personnalités que l’on nous impose ? Voilà en tout cas une question qui mérite d’être posée. Car enfin, il est tout de même étonnant de constater qu’une Rachida Dati, Garde des Sceaux sortante, et personnage emblématique de la Sarkozie triomphante de 2007 parvient à déchaîner le buzz, entraînant d’ailleurs derrière elle sa tête de liste, lorsque les autres listes ne sortent pas sur le net de la zone marginale…

La vérité, c’est peut-être simplement que le Parlement européen, parce qu’il est éloigné mais pas trop, et en raison surtout de son mode d’élection, est un réservoir à postes et à financements publics. Qu’un Jean-Marie Le Pen se présente dans une circonscription à l’occasion d’un scrutin uninominal, et il n’aura que d’infimes chances d’être élu. Sur une liste en revanche, c’est plus facile, ou plutôt moins risqué parce qu’on s’expose moins. Et il en va ainsi pour bon nombre de candidats écologistes, communistes, ou NPA, pour ne citer qu’eux.

L’effet pervers de cet aspect réservoir tient à ces postes que l’on peut offrir en compensation. Une suppléante qui n’a pas démérité du temps où son candidat était ministre du travail, et la voilà propulsée sur la liste du Nord-Ouest. Qu’un ancien journaliste que son franc-parler a rendu populaire, mais qui n’a pas d’implantation politique, accepte de se lancer en tentant de drainer cette gauche qui l’a nourri, et on lui déroule le tapis bleu en remerciement. De là une simple question : ce réservoir européen ne ferait-il pas œuvre de recyclage ?


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